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Fiches D'histoire Et Littérature

16 février 2009 1 16 /02 /février /2009 23:03

Je n'aime pas trop la musique actuelle ou les chanteurs comme Pascal Obispo et Bénabar ou consort, qui tiennent trop souvent à mon goût, le haut des affiches...

J'en demande pardon d'avance à ceux que je vais blesser, voire, choquer... Ne lisez donc que si vous êtes déjà préparé psychologiquement. Mais je vais tenter de m'en expliquer.

 

 

Je commencerais par exclure de cette analyse tout ce qui peut, à mon humble avis leur porter préjudice par une recontextualisation trop méchante (avec de mes compositeurs favoris morts avant 1900) ou de cruels parallèles avec de vrais poètes géniaux ( Romain Didier, Bernard Lavillier..).

 

 

Une réflexion m'est venue depuis que mon oreille tente de percevoir le bruit de fond des supermarchés. Force m'est de constater, que, dotée, comme la plupart des gens le seront d'ici peu, d'une surdité précoce, je ne distingue qu'un fondu entre une partie de musique (guitare et batterie) et des voix (des choeurs) et une autre voix qui se distingue, pas assez nettement cependant pour que je puisse distinguer des particularités. Premier constat qui s'impose : ils chantent avec les lèvres et le fond de la cavité buccale, jamais avec leur gorge..

 

 

Cela n'est encore rien. Je ne parvient plus à identifier les premières notes du morceaux... Inculture musicale ? Mais je l'ai pourtant entendu cent fois depuis le début de la semaine et on dirait l'intro de ... !!

Le riff, implacable, s'abat. C'est sur cette première notion que j'aimerais m'attarder, en dépit de mes faibles connaissances musicales. Celles-ci ne me permettent certainement pas de transcrire le morceau. Cependant, je saisis qu'un accord (le même, avec des sons assez aigus et pointus) est répété dans une configuration qui doit donner après ceci : haut de manche / bas de manche / haut de manche avec des croches assez virulentes!! (je ne brosse la manche à personne!!) La répétition est vouée à créer le morceau. L'écart entre aigus et graves est pourtant minutieusement calculée, mais rapidement, mon esprit s'essouffle devant le côté monolithique du morceau...

 

 

Je tente alors de passer sur le manque du solo, pour m'intéresser à la voix du dit chanteur. Mais je constate que la musique lui sert d'arrière-fond, qu'il se trouve littéralement collé au fond sonore. Il n'a pas ce détachement par rapport à la mélodie. Il la suit, docilement. Comme si Proust avait renoncé aux parenthèses sous le prétexte qu'elles ne suivent pas la grammaire...

Le texte, alors, m'intéresse.

Mais là encore, je me heurte à une difficulté ; la majorité des textes, titres etc. des dits artistes contemporains se résument à représenter un rapport conflictuel avec la réalité qui peut se ramener à une typologie en 3 points (mon chiffre existentiel !) :

1.) Opposition directe et franche : type : Le monde est comme ci il devrait être comme ça. Il existe aussi des variantes : moi contre la terre entière, lui contre la terre entière, nous contre la terre entière etc.

2.) Inversion : type : c'est sûrement (j'ajoute l'adverbe car il est toujours remarquable de constater à quel point les doxas actuelles sont construites par ceux-là mêmes qui veulent les détruire et donc les présupposent !) comme ça que la société fonctionne : alors, dans un mouvement rebelle, je décide de jouer de l'inversion (tout y passe ; les sexes, les places sociales, les hiérarchies, les valeurs) car il s'agit de choquer (on se demande qui peut d'ailleurs encore être choqué, il est plus choquant aujourd'hui de conserver un ordre que peindre un prétendu désordre !). Le problème est que Beaumarchais faisait déjà la même chose, nihil novi sub sole !

3.) Autodérision, enfin : exemple type : Bénabar, à qui, dans un éclair fulgurant de lucidité, il n'échappe pas que sa chanson n'est pas si super que ça et qu?elle va en irriter plus d'un. Autrement dit, tourné avant tout vers Soi.

 

 

La question de ce conflit me semble importante lorsqu'il s'agit d'art. Car je comprends alors que mon absence totale d'émotion naît d'un rapport direct que l'oeuvre tente d'instaurer ! Car qui demande à l'art d'attaquer frontalement le réel ?

L'idée de conflit avec le monde n'est pas à évincer de la création et je pense en effet, qu'au fond de toute oeuvre, réside un conflit, que l'art exprime. Mais c'est par des moyens détournés, par un accès au réel qui se fait sur le mode du biais que l'entreprise artistique aboutit. Je suis d'accord avec Genet lorsqu'il dit que la poésie annule les conflits. La poésie, c'est à dire, toute sorte d'émotion artistique. Elle donne chair à l'oeuvre et au conflit au point que les trois types de conflits que j'ai évoqués précédemment, devraient être à peine imperceptible, ou du moins, se manifester sur un autre plan. Le conflit devrait se trouver noyer dans l'idée d'une production, plus vaste, plus belle, plus large, plus poétique en un mot, avec tout ce que cela comporte comme détours. L'oeuvre va du conflit à la poésie, non du réel au conflit.

Les tragédies de Racine se ramènent toutes à des conflits typologiquement définissables mais ce qui est fascinant, c'est la poésie qui se développe autour. Le conflit et son interprétation n'est pas le filtre par lequel le réel se donne à voir, mais plutôt celui par lequel le réel se reconstruit, dans ces infinies variations, jusqu'à ne même plus le donner à voir brutalement, mais sous un autre jour. Le conflit émerge, il n'est pas une grille de lecture ou de fabrication. Il est ce qui git intimement au coeur de l'oeuvre, ce qui disparaît et que la critique seule se doit de traduire en des termes plus clairs.

 

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