Aux pieds d'la lettre...
Pastel sec sur papier jaune
J'ai marché avec
Elle
Tout le jour...
Et vers la fin du jour,
Dans l'hiver précoce
Je me suis arrêté
Aux portes d'un café
...
J'entre avec toi, merveille, beauté radieuse
Tes rayons acérés transpercent mon coeur transi....
Je te vois, irréelle,
Te voilà surréelle,
Tu sirotes quoi ?
Ton rire, ton joli rire, m'étourdi
Je me noie,
dans l'alcool de ton sourire...
Mon irréelle,
mon infidèle
Ma mémoire souterraine
Enregistre, sournoise, tes moindres mouvements.
Je vois tes yeux, tes yeux si clairs
...
Tu ris
Tu ne sais pas les mille et un tourments
qui retournent mes nuits.
Je te comtemple en vain, o chimère, o mon idée
Déjà te voilà libre
Et tes rires en éclats,
couvrent de leur gaieté
le son sourd de ma voix...
Te voir, te contempler
Et tenter de t'écrire,
Lorsque ce soir en vain,
je fouillerai mes souvenirs.
Mais pour l'heure, noyons-nous
Je suis fou, de tes yeux, si doux et puis si bleus,
De l'azur dans la nuit,
Du rire chaud sous la neige...
Tu vogues en tourbillons autour de cette table...
Tes yeux me rendent fou,
Ecarquillés sans doute,
Mais fou, à en écrire,
Des folies sans raisons...
Tout tourne et s'écroule,
O ressaisir ta main
Fou
Mais, tes yeux, fou, je suis, de...
La sourde récrimination du poète.
Le silence s’est accroché à mes lèvres.
Il me nourrit d’un fiel amer... ô, boire la coupe jusqu’à la lie
Et prendre encore sur soi les violents hauts le cœur
Qui naissent de l’amertume et de la déception...
Trop inavouable malaise,
Qui surgit d’un seul coup,
Du même tourbillon qui emporte le monde
Et vous pousse à agir, sans même vous arrêter.
Oui, pourtant, celle-là même,
Cette douceur d’écrire qui semble vous émouvoir
C’est vous qui la tuez, c’est vous qui la brûlez
En lui donnant matière
A n’avoir que des pleurs sinistres à contempler.
Le reproche s’accroche au fil de mes lèvres
Tranchantes comme des rasoirs, aiguisés au chagrin.
O, je n’aurai sans doute jamais assez de volonté
Pour le laisser perler.
Préférant vous offrir un poème ironique,
Sans rapport, sans doute, avec cette existence
Que je vous compose ce jour, abattue, dans ma chambre ?
Le poème envoyé.
Quel fugitif tremblement agite des feuilles d’or des forêts sans fond ?
Une palpitation, que seule saisit la plume, et qu’on ne pourra dire
Qu’en hachant, strictement, les nervures...
Le retour du poète sur son poème.
Il n’est rien, aujourd’hui, que je puisse dire, ou affirmer, quand à cet état chagrin qui me ronge à présent. Qui lirait le poème n’y comprendrait rien. Quel fugitif tremblement ? Si ce n’est le menton qui tremble doucement, comme à l’annonce de la Peur, blanche, solitaire, et si absolue qu’elle fait trembler les membres. Quelle palpitation ? Si ce n’est le pouls, qui s’accélère, s’énerve, et ne peut concevoir qu’il lui faille écrire, en un moment où la terre entière semble s’être arrêtée. Quelles hachures ? Quelles nervures ? Si ce n’est le bruit sourd des touches du clavier qui inscrivent leurs lettres pour tuer le temps...
Le poème se lit, s’admire et cependant... Ne sommes-nous pas tous bourreaux d’un autre monde ? La source du poème, si claire et si limpide, n’est-elle jamais troublée que par ceux qui s’y abreuvent ?
Tirage argentique avec maquillage.
Un article de recherche universitaire que j'ai consacré à Jean Genet et la prison vient d'être publié sur le site de l'EHESS...
Voici le lien pour ceux et celles que la curiosité pousserait à vouloir en savoir plus sur ce travail et le lire... (gratuitement)
http://dossiersgrihl.revues.org/4437
C'est le titre du livre trouvé hier, dans une rue truffée de libraires, bouquinistes, brocanteurs...
L'ouvrage en question date de 1919. L'auteurE nous précise qu'après le choc qu'à constitué la Guerre il est nécessaire de republier un tel livre, afin de redonner quelques points de repères à la conduite de tout un chacun...
Le titre de ce petit livre a la couverture en tissu bleu m'a arraché des exclamations de joie, et mon frère qui foullait avec moi dans les caisses volumineuses, s'est empressé de me l'arracher des mains pour aller me le payer et m'en faire cadeau (galanterie oblige).
Ma sensibilité à tout ce qui est Classe pas riche, classe, nuance... se délecte ainsi depuis hier soir.
La lecture de ces codes fait comprendre à quel point les fautes de gouts nous sont connues de façon presques magnétiques... Les tenues de plus de trois couleurs, le manque d'harmonie entre les tons et froids dans un appartements, le choix de certaines fleurs plutôt que d'autres était déjà, pour mon personnage, un sujet d'agacement. Oui, de léger, même très léger agacement. Tout comme le bruit des pas dans l'escalier, les gens qui trainent les pieds, les salsifis, l'absence de plantes vertes, le manque de conversation. tout cela irrite, ennuye, énerve... et invite à se recroquville dans les replis des pages, tout contre la reliure.
" Que pensez-vous des manières d'aujourd'hui, mon cher ? Que vous importune le bruit des autres, les inconvévients du métro ? Souhaitez-vous rentrer en voiture?" dirais-je ainsi à Marcel Proust en laissant retomber mon manchon sur la chaise et en lui resservant un nuage de lait dans son thé...
"Hélàs, ma chère amie, me dirait-il, c'est E-POU VAN TA BLE..."
Tout cela est passionant. Voilà parfaitment le genre d'ouvrages qu'il est plaisant de contempler, pour senfuire, en esprit vers d'autres époques, et d'autres lieux... Quitter sa chambre pour se rendre dans les vastes pièces de la Duchesse de Guermantes pour y faire de nouvelles connaissances... Et voir de si beaux et gracieux gestes, qui font danser les robes des femmes, Et entendre, ses mots d'esprit inattendus. Et trouver une bonne matière pour raconter des histoires, s'en raconter aussi et faire vivre tant de personnages...
N'est-ce pas trèèèèèèèèèèès chèèèèèèèèèèèèrs ???