Aux pieds d'la lettre...
Un air, un parfum
Apprend à te taire
Et à respirer
Le temps qui s'écoule...
Mon ami Marc Lefrançois m'a convié à son défi : écrire un poème rimé dans l'esprit Proust et devant inclure le titre de chacun des tomes de La Recherche, dans l'ordre... Voilà le résultat...
Septuor proustien
(souvenir-brillance, des derniers salons)
Longtemps, sur ce pan jaune, fixé à ma mémoire
A tournoyé l’image des lanternes magiques
Qui bercent les angoisses des fatales heures du soir...
Quels souvenirs nous restent de cette histoire tragique,
D’un dégoût qui nous prend des rêves de Berma
Au parfum de Rachel, et des amours qui fanent
Aux livres qu'on aimait ? Du côté de chez Swann,
Le luxe même se meurt en fleur de catelyas,
Tandis que sur le lac, les cygnes blancs se figent.
Quelle importance ? Ces saisons de prestige
Sur les plages sportives, nous donnent l’illusion
(Vagues téléphoniques, et peinture syncrétique)
Que l’on est de son temps, jeunes, et, nous abritons
A l’ombre des jeunes filles, en fleurs, et hystériques,
De secrètes jalousies qui nous rongent en silence.
Saint-Loup, dessus la mer des passions déchaînées,
Levons l’ancre, à présent, compagnon de souffrance,
Avant que de sombrer (sonate surannée) !
Mais le goût du malheur nous conduit à fouiller
- Par un dimanche pluvieux d’ennui d’adolescente -
Du côté de Guermantes, les grands salons cirés,
Et les embruns salés de la ville amarante,
Pour découvrir la ruine des illusions des noms.
Guermantes, mon Balbec, je ne reviendrai plus,
A tes vertes pelouses (silence des carillons),
Ni au château des ducs, loué dans la grand-rue.
Soudain, le regard voit ce qu’il ne savait pas
Et les obscurs tourments, des mondes à rebours,
Fait remettre autrement, ses pas dans d’autre pas,
Repenser l’innocence, s’en prendre aux miroirs lourds
De son aveuglement. On découvre des jeux
Qui brûlent et sans remord, sans se soucier du sort,
De ceux qui ont peuplé et Sodome et Gomorrhe,
On craint tout l’univers pour être enfin heureux...
Insensée, jalousie, qui tient La Prisonnière
Et son sombre geôlier dans un théâtre clos.
La peur des trahisons, la beauté du joyau
Qu’on retient malgré lui, dans les amours d’hier,
Ralentit lourdement la vie que l’on s’écrit.
Quelque laide Albertine, disparue dans les brumes,
Enfin nous redélivre des errances amoureuses,
Et nous offre Venise où l’on reprend la plume
Et l’œuvre qu’on rêvait qui tarissait, peureuse.
Quelque tristesse qui perce, dans un monde doré,
Qui laisse tomber les masques des statues effarées,
C’est le moment choisi, pour admirer les fresques,
Et se laisser porter vers l’art des arabesques.
Et de retour, enfin, au cours d’un bal de faunes,
Se pencher dans la cour, aux pavés décalés
Pour saisir un instant, de l’art, la vraie aumône :
Le temps, retrouvé, qui, comme un trousseau de clés
Réouvrira la porte sur un pan de mur jaune...
Fière fièvre brulante,
Et Bagneux, sous la glace, là-bas,
Vrille mes souvenirs comme un oiseau qui chante.
Réprimer ses frissons,
Inquiéter l'ouverture de l'absence
Envers et contre tous,
Revivre le tremblement.
Zurbaran se tenait là
Couché dans les sables
La tête fichée dans les nuages...
Le ciel acide se remplit
Des couleurs du soleil.
Reja, Jerez,
Les portes aujourd'hui se ferment...
Le voici ténébreux, veuf et inconsolé,
Mais dans la peinture
Il ne restait plus rien
Que l'ombre d'un souffle
Qui passait sur le monde.
Reja, Jerez,
Les portes aujourd'hui se ferment...
Et un monde se referme...
Il y a deux ans, j'ai eu l'occasion de réaliser un mémoire sur Les Mystères de Paris d'Eugène Sue. Cela m'a permis de découvrir la nouvelle édition Gallimard de ce roman feuilleton interminablement truculent !
Un homme dans la nuit, qui sauve un jeune femme démunie,
des méchants monstrueux,
des bons qui se vengent,
des rebondissements et rebondissements,
du suspens,
des mauvais qui se repentent,
des moments de crainte,
de joie,
de larmes...
Tout ce qu'il faut pour passer de longues heures de lecture en ces jours de froid... Il vous tiendra en haleine, garanti !